Peut-on afficher des photos de ses enfants sur les réseaux sociaux sans obtenir préalablement leur consentement libre et éclairé ? Cette semaine, la secrétaire d'État chargée de l'Enfance, Charlotte Caubel, a plaidé en faveur d'une proposition de loi visant à sanctionner les parents qui exposent excessivement leurs enfants sur les plateformes en ligne. Lors de l'opération Cybermois organisée par l'ANSSI (Agence nationale de sécurité des systèmes d'informations), cette femme politique a réitéré l'importance de prendre en compte les risques liés à la surexposition des jeunes sur les réseaux sociaux, tout en soulignant que "de nos jours, un parent ne peut plus ignorer l'importance du numérique dans l'exercice de l'autorité parentale
Protéger les enfants des réseaux sociaux
Charlotte Caubel a abordé une proposition particulièrement attendue, celle qui vise à assurer le respect du droit à l'image des enfants. Porté par le député Renaissance Bruno Studer, ce projet de loi sera bientôt examiné en nouvelle lecture à l'Assemblée nationale. Il comporte des dispositions sévères à l'encontre des parents qui sont excessivement exposés sur les réseaux sociaux.
“Un parent qui abuserait de l’image de ses enfants, […] pourrait se voir retirer l’exercice spécifique de l’autorité parentale numérique, […] ne plus pouvoir gérer lui-même l’image numérique de ses enfants”
Alors que de nombreuses campagnes de sensibilisation visent les adolescents sur le web, les incitant à ne pas publier d'images trop personnelles d'eux-mêmes ou de leurs proches, la responsabilité des parents est souvent laissée de côté. Pourtant, le "sharenting", cette habitude des jeunes parents de partager de manière excessive des informations concernant leurs enfants sur les réseaux sociaux, comporte des risques non négligeables. En plus du fait qu'il implique l'absence de consentement éclairé des enfants, il expose également ces photos en apparence anodines à la possibilité d'être partagées par des étrangers sur des sites pédopornographiques, où elles pourraient tomber entre de mauvaises mains.
Les cibles de la proposition de loi soutenue par Charlotte Caubel et Bruno Studer vont au-delà des influenceurs en ligne, bien que ces derniers soient particulièrement dans le viseur des autorités. L'article 4 de cette proposition de loi est formulé de manière à permettre que "lorsque la diffusion de l’image de l’enfant par ses parents porte gravement atteinte à la dignité ou à l’intégrité morale de celui-ci, le particulier, l’établissement ou le service départemental de l’aide sociale à l’enfance qui a recueilli l’enfant ou un membre de la famille puisse également saisir le juge aux fins de se faire déléguer l’exercice du droit à l'image de l'enfant." En d'autres termes, des sanctions réelles sont envisagées pour les parents en cas de violations avérées de leur devoir de protection. Cette mesure concerne tous les internautes, mais elle vise particulièrement les influenceurs.Cet été, un exemple notable de cette problématique a été mis en lumière lorsque le couple de candidats de télé-réalité, Benjamin Samat et Maddy Burciaga, a été critiqué après avoir diffusé une vidéo de leur fils, âgé d'un an, entièrement nu, avec des parties intimes exposées. De plus, l'influenceuse Jessica Thivenin avait également suscité l'indignation en mettant en scène son fils de trois ans dans une situation inappropriée. Ces incidents, en partie documentés dans l'enquête récente diffusée sur France 5 intitulée "Enfants sous influence : surexposés au nom du like" menée par la journaliste Elisa Jadot, ne sont plus tolérés en France, selon les affirmations de la secrétaire d'État. Il s'agit également d'une manière d'encourager les parents à prendre en considération les enjeux liés aux médias numériques.
Le premier conseil, probablement le plus simple, consiste à éviter de partager des photos de vos enfants sur les réseaux sociaux. En effet, la plupart des images découvertes sur des plateformes pédocriminelles ne semblent pas explicites au premier abord : une simple photo d'un enfant en train de manger, de courir ou de jouer à la piscine peut suffire à attirer des internautes mal intentionnés. De plus, avec les avancées de l'intelligence artificielle, ces photos en apparence inoffensives pourraient être utilisées pour créer des deepfakes de contenu pédopornographique, générant ainsi des vidéos extrêmement réalistes qui usurpent l'identité d'un enfant.Si vous souhaitez partager les moments mémorables de votre enfant, il est préférable de le faire au sein d'un groupe de discussion privé avec des personnes de confiance. Assurez-vous également que ces personnes ne vont pas à leur tour partager les photos en question. De plus, veillez à paramétrer soigneusement les paramètres de confidentialité de vos comptes pour éviter que des internautes inconnus aient accès à vos photos.